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Phase recharge 2024 à 2025

Depuis le 1er juin, nous sommes officiellement entrés dans l’été météorologique, marquant la fin de la période de remplissage des nappes phréatiques. À cette occasion, un bilan des précipitations et de l’enneigement est proposé à partir des relevés de trois stations représentatives du département des Alpes-Maritimes :
Saint-Martin-d’Entraunes, située dans le Parc national du Mercantour, en haute montagne.
Caussols, localisée sur le plateau des Préalpes d’Azur, dans le Parc naturel régional.
La nivôse des Millefonds à 2300m
Une saison contrastée : excès, déficit, puis rattrapage
Le mois d’octobre 2024 a été marqué par une succession d’épisodes pluvieux majeurs, avec des cumuls exceptionnels dépassant localement 400 mm à Saint-Martin et 590 mm à Caussols. Ces précipitations intenses ont largement contribué au début du remplissage hydrique.
En revanche, novembre et décembre ont connu un déficit pluviométrique sévère, atteignant jusqu’à 81 % en dessous des normales. Cette sécheresse a eu une première conséquence tangible : l’absence de manteau neigeux au-dessus de 1800 mètres d’altitude en début d’hiver.
Le mois de janvier 2025 marque une rupture temporaire de cette tendance sèche. Les cumuls reviennent légèrement au-dessus de la normale, permettant une première accumulation significative de neige. Le 31 janvier, le manteau neigeux dépasse enfin les 50 cm vers 2300 mètres d’altitude.
Février reste très sec, ce qui limite fortement l’évolution de l’enneigement. Le manteau reste peu épais et stagne tout au long du mois.
Mars et avril : un retournement de situation
Mars et avril viennent inverser la dynamique de la saison. Ces deux mois apportent des précipitations abondantes et régulières, qui permettent à la couverture neigeuse de progresser rapidement. Le manteau neigeux dépasse le mètre à partir du 12 mars, et atteint jusqu’à 1,37 mètre à deux reprises : le 24 mars et le 17 avril.
Mai dans la normale, fonte progressive
Le mois de mai s’inscrit dans les normales saisonnières. On observe encore 70 cm de neige vers 2300 mètres au début du mois, qui fondent progressivement pour atteindre 0 cm le 31 mai 2025, marquant la fin de l’enneigement.
Bilan global : un excédent bienvenu

Grâce à une arrière-saison très arrosée, le bilan hydrique global de la période octobre-mai devient excédentaire, avec un surplus de 20 à 40 % selon les stations. Cette situation est très favorable à la recharge des nappes phréatiques, et rappelle les conditions observées durant la saison précédente.

Ce surplus hydrique constitue une réserve confortable en ce début d’été météorologique. Il devrait permettre de limiter, voire d’éviter, la mise en place de restrictions d’usage de l’eau pour cet été.
Toutefois, en cas de conditions particulièrement chaudes et sèches durant les mois de juin et juillet, un retour des tensions sur la ressource en eau pourrait survenir pendant le mois d’août.
Et qu’en est-il du risque d’incendie ?
Il est important de rappeler que le bon remplissage des nappes phréatiques observé cet hiver n’a aucun lien direct avec le risque de feux de forêt. En effet, ce dernier dépend avant tout de la météorologie immédiate, et non des réserves en eau en profondeur. Un changement de conditions peut survenir très rapidement, rendant certaines zones vulnérables en seulement quelques jours.
On évoque souvent la règle empirique des « 3 x 30 », bien connue des spécialistes du feu :
Température supérieure à 30 °C
Humidité relative inférieure à 30 %
Vent supérieur à 30 km/h
À cette règle, il serait pertinent d’ajouter un quatrième facteur tout aussi déterminant :
30 jours sans précipitations significatives, entraînant une forte sécheresse de surface
Lorsqu’au moins ces quatre critères sont réunis, le risque d’éclosion et d’extension rapide des incendies est fortement accru. Les statistiques montrent qu’il y a alors 30 % de chances supplémentaires qu’un départ de feu dépasse 300 hectares.

Ainsi, même si la saison 2025 ne montre aucun signe d’un démarrage précoce, il serait imprudent de considérer le risque comme totalement écarté. Et en particulier si des périodes de chaleur sèche et durable venaient à s’installer.

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