Retour sur une vigilance de dernière minute lancée par la préfecture sur les réseaux sociaux, sans aucun autre écho dans les médias ni même par Météo-France. Une vigilance très floue, qui aurait mérité un petit peu plus d’explications sur ce phénomène qui aurait pu être violent, MAIS qui avait peu de probabilité de se produire…
Vigilance de la préfecture
Le 5 Février à 19h02, la préfecture des Alpes-Maritimes publie sur sa page Facebook (cf capture ci-dessous) une « ALERTE METEO » pour vents violents – orages.
La veille au soir nous émettions également une « réserve » sur un possible retour d’Est violent via un communiqué sur notre application et page Facebook qui concernait l’épisode du 2 au 5 Février inclus.
Cependant au vu des différents passages orageux de la journée du dimanche 5 février, au moment de la publication de cette « alerte » par la préfecture nous avions un doute sur la réalisation de ce retour d’Est en cours de nuit, la plupart des modèles s’étant ravisés. Cependant il restait effectivement quelques signaux révélateurs mais non décisifs pour ce « micro-phénomène » très difficile à anticiper. De plus l’instabilité était trop faible pour générer des orages !
Vigilance de Nice Météo 06
C’est pourquoi nous avons également relayé cette vigilance de la préfecture (cf publication ci-dessous), en essayant d’expliquer (via les commentaires de certains abonnés notamment) que ce phénomène avait peu de « chance » de se produire, mais que s’il se produisait nous craignons un risque de forte précipitation localisée et peu mobile. Et donc un risque d’inondations…
Les modélisations
Ces micros-phénomènes sont très difficiles à prévoir notamment sur leur localisation et leur intensité. Cette nuit-là, c’était une méso-dépression, c’est-à-dire un diamètre de quelques dizaines ou centaines de kilomètres maximums. Comme vous pouvez le constater sur le forcast ci-dessous, elle mesurait plutôt quelques dizaines de kilomètres ! Une marge d’erreur de 20% permet au final que l’événement se déroule à 60km de sa position prévue…
Ce qui a été observé en réalité
Le lendemain matin au réveil, pas de dégâts, pas même une goutte de pluie de la nuit dans les terres. Et c’est malheureusement tout ce que retiendra la majorité de la population qui aura consulté ou aperçu la vigilance (qualifiée « d’alerte ») de la préfecture.
Et pourtant il s’est produit exactement ce que modélisaient certains modèles très spécifiques, mais juste en face de nos côtes, en mer. Et heureusement, car comme le démontre cette animation radar ci-dessous (animation produite à partir de l’historique des images radars produites par l’association InfoClimat), il est tombé une lame d’eau conséquente pendant presque 1 heure sur un même point. Tout ça, à quelques kilomètres seulement de nos côtes, entre Nice et Menton.
Retour sur la nuit du 20 au 21 octobre 2016 à Monaco
Cette nuit là, un retour d’Est à priori très modéré était modélisé sur tout le littoral des Alpes-Maritimes. Aucune vigilance n’était émise, ni par Météo-France, ni par nous-mêmes.
Pourtant dans la nuit, le scénario fut tout autre ! Un orage très localisé s’est formé entre Menton / Monaco et La Turbie. Les pluies diluviennes / Grêle / Foudres n’ont cessé pendant une heure. La station de Beausoleil a relevé exactement 50mm en 1 heure, dont 33mm en moins de 30 minutes !
Les eaux de ruissellement ont dévalé les reliefs jusqu’à Monaco qui n’a pu absorber sans dégâts ces millions de mètres cubes ! Les vidéos ci-dessous parlent d’elles-mêmes…
Ces micros-phénomènes sont donc très difficiles à anticiper et encore plus à localiser à l’avance. Mais comme vous l’avez constaté, ils peuvent être surprenant et générer des dégâts voir des victimes à l’échelle d’une commune. Le dernier modèle AROME de Météo France a fait de gros progrès dans ce domaine. Mais il montre encore parfois des failles ne permettant pas de lui donner une confiance aveugle !
Rédaction : Antony et Raphaël