Un hiver exceptionnel sur la Côte-d’Azur ?
Décryptage des données météorologiques notamment celles de Météo-France de Nice aéroport (plus veille base de données disponible).
Tout d’abord, observons les synoptiques globalement récurrentes que nous avons eu entre début décembre 2018 et fin février 2019 (période qui correspond à l’hiver météorologique).
Un anticyclone des Acores qui se déplace trop souvent au nord de la péninsule Ibérique et à l’Ouest des Alpes-Maritimes. En conséquence, nous nous retrouvons régulièrement dans un flux de Nord (le déplacement d’air se fait à l’inverse des aiguilles d’une montre). Ce flux de nord traverse les différents massifs de l’hexagone et arrive dans notre département avec un taux d’humidité très bas et parfois par effet de foehn des températures plus élevées dans notre arrière-pays que sur le littoral. Ce qu’on appelle une inversion thermique !
C’est le fameux flux de nord qui s’accélère dans la topographie en forme de goulot du couloir Rhodannien « le mistral ».
Il a donc était particulièrement récurrent durant cette période avec rappelons nous un nouveau record en janvier !
Quel influence pour notre météo ?
Pour que les nuages et la pluie se forment. Nous avons besoin d’un air saturé en humidité. là, nous avons eu très régulièrement l’inverse avec un air particulièrement sec et donc un temps bien dégagé !
C’est ainsi que nous avons obtenu un nombre d’heures très élevés d’ensoleillement :
Proche de l’hiver 2011/2012 avec plus de 570h d’ensoleillement. Deux autres hivers talonnent ces records avec plus de 530 heures en 1999/2000 et 2001/2002.. Soit 4 hivers à plus de 500 heures de soleil en un peu moins de 20 ans. Soit une recurrrénce moyenne tous les 5 ans.
On observe également que nous avons connu 9 hivers avec un taux d’ensoleillement très correct à plus de 450h.
Il est au final plus exceptionnel d’observer un taux d’ensoleillement bas avec moins de 400 heures et l’hiver dernier nous avions eu un record avec moins de 300 heures !
Et oui les saisons se suivent mais ne se ressemble pas. Et au final nous observons 2 extrêmes d’une année sur l’autre.
Avons nous observé des records de chaleur sur la Côte d’Azur ?
En fin février, l’anticyclone bien vissé sur la France, de nombreux record de chaleur sont tombés en France et même jusqu’en Angleterre.
Mais sur Nice, aucun record de chaleur ! Nous étions même certains jours l’endroit de France en plaine le moins chaud.
Certes nous avons bénéficié d’une douceur agréable avec des températures très souvent au-dessus des normes de saison mais pour autant aucun excès sur les Alpes-Maritimes. Et oui le fameux flux de nord ne peut pas être aussi bénéfique pour le mercure qu’un flux de sud.
D’ailleurs la température moyenne sur ces 3 mois est seulement d’un peu moins 1°c au dessus de la normale (10.33°c observés contre 9.60° de normales). Bien en dessous des hivers particulièrement chaud de 2006/2007, 2015/2016, 1989/1990 avec une température moyenne égale ou supérieure à 11°c.
Coté sècheresse ?
Seulement 6 jours de pluie mais qui permettent d’atteindre tout de même 166 litres/m² pour une normale de 205 litres/m². Soit depuis 1985, une quinzaine d’hivers similaires. Une récurrence d’un hiver peu pluvieux tous les 2 à 3 ans ! Et nous sommes bien loin de la sécheresse des hivers 1989/1990, 1999/2000 et 2016/2017 avec moins de 50 litres/m² en 3 mois.
On observe également que les 3 hivers les plus pluvieux ce sont produits dans les 10 dernières années avec :
- 600 mm en 2013/2014,
- 400 mm en 2009/2010,
- 330 mm en 2008/2009.
Pour autant avec seulement 6 jours de pluie cet hiver, la sécheresse est bien présente. Mais en surface uniquement !
ce qui a obligé le préfet à prolonger la période rouge interdisant tout feu comme en été..
[illustration supprimée le 08/09/2020]
Ce qui n’a pas empêché d’avoir 24 feux de forets qui se sont déclarés depuis le 1er janvier avec 223 hectares qui sont partis en fumées. (source sdis 06 au 7 mars 2019)
En revanche, coté nappes phréatiques pour le moment pas d’inquiétude à avoir. Une année 2018 légèrement excédentaire en pluviométrie a permis un bon remplissage.
EN CONCLUSION ?
Certes nous avons battu un record d’ensoleillement qui ne se mesure que depuis 1999.. Mais en terme de température et de pluviométrie nous sommes dans un hiver assez classique. La réputation de la Côte d’Azur ne vient-elle pas d’ailleurs aussi de ses hivers doux et ensoleillés..?
Les feux en hiver sont aussi une tradition pastorale sur notre département. Ce n’est pas pour rien que cela se fait l’hiver durant une période globalement sèche également. C’est pas pour autant que nous cautionnons cette pratique !
Nous entrons maintenant justement dans une période dite de recharge des nappes phréatiques (printemps et automne).
Nous allons, comme à notre habitude, scruter les cieux en espérant des pluies prochainement. Elles sont plus que nécessaire pour éradiquer cette sécheresse de surface et conforter un remplissage des nappes avant l’été.
A l’heure de la rédaction de l’article rien de bien significatif en vue hélas..
Wait and see.. Il reste 3 mois !